INTERSTICES 21 MobQuoti

Ce séminaire vise à dévoiler ce que les études urbaines peuvent apporter à la compréhension des mobilités quotidiennes, et vice versa. Les mobilités quotidiennes seront à la fois approchées par leurs actants et par leurs acteurs. Les études urbaines sont comprises ici dans une double dimension objectale et critique.

Cette proposition innove doublement. D’un côté, à l’exception notable des travaux sur la périurbanisation et sur la métropolisation, les études urbaines se sont peu saisies de la question des mobilités quotidiennes, même si le sujet a récemment émergé autour de la question de la justice spatiale. De l’autre, les recherches sur le transport de personnes, après s’être intéressées de près aux conséquences sociales des politiques de mobilités dans les années 1970 et 1980, les ont progressivement éludées, leur préférant notamment des thématiques comme celle de la durabilité ou de l’accessibilité. Alors que la question sociale reprend de l’épaisseur dans l’actualité du champ des transports, notamment quand elle s’interpole avec des enjeux environnementaux (mouvement des gilets jaunes par exemple) ou sanitaires (crise de la covid 19), le séminaire vise à soulever des pistes d’imbrications de ces deux champs d’études aujourd’hui fortement distincts.

Les séances du séminaire donnent la part belle aux propositions théoriques et à la présentation de la manière dont s’agencent ces propositions avec le travail de terrain. Chaque séance s’organisera autour d’une intervention unique lors de laquelle un·e ou des chercheur·es présenteront leur travail et la manière dont il renouvelle la réflexion épistémologique sur les mobilités quotidiennes. Les échanges consécutifs permettront de faire émerger les différentes intersections existantes ou à développer entre études urbaines et recherche sur le transport de personnes.

Réalisations scientifiques :

Le projet a permis la programmation de 15 intervenant·es pour 11 séances annoncées sur un carnet de recherche dédié (https://mc.hypotheses.org).

En 2021

Max Rousseau et Aurélie Delage – De la ville industrielle à celle des services : des régimes de mobilités différenciés ?

Éric Le Breton – Société mobile et citoyenneté, éléments d’une problématique

Marion Tillous – Penser les violences pour comprendre les différences de mobilité femmes-hommes : la rupture espace public / espace privé reconsidérée au prisme du continuum des violences patriarcales

Marie-Clotilde Meillerand et Jean-Pierre Nicolas – L’action publique locale au défi de la transversalité : l’exemple de la précarité énergétique logement et mobilité

Emma Peltier – Aller en ville depuis le bidonville. Etudier les mobilités quotidiennes des femmes « roms » pour saisir l’accessibilité de la ville

Yoann Demoli – Les mobilités à l’épreuve de l’environnement. La stratification sociale des mobilités et de leurs effets environnementaux

Gwenaelle Raton – Livrer en circuits courts : les mobilités des agriculteurs comme révélatrices des territoires alimentaires émergents. Études de cas en France

En 2022

Thomas Buhler – Scruter, disséquer et confronter les plans d’urbanisme par dizaines. Dissimulations et flous dans les discours sur les mobilités

Leslie Belton Chevallier et Joseph Cacciari – “Un Everett C. Hughes dans le moteur” : des taxinomies savantes à l’examen des organisations morales des pratiques de mobilités spatiales

Cosmin Popan– (Im)mobilité à l’âge des plateformes. Une exploration des vies hypermobiles des livreurs de repas

Sophie Bunhik – Recompositions des systèmes de transport et des inégalités de mobilité dans le Japon ultra-vieillissant

Laurent Cailly – Mobilités quotidiennes : quelles trajectoires pour les (espaces) périurbains ?

Chaque séminaire (en hybride présentiel et Zoom) a regroupé une assistance de 20 à 50 chercheurs et chercheuses francophones mais également des acteurs et actrices de la sphère plus opérationnelle, avec une grande variété de personnes d’une session à l’autre, et des échanges enrichissants tant sur le plan théorique que méthodologique. L’intérêt pour le séminaire a conduit à sa prolongation au-delà du cadre temporel initial.

Retombées du projet :

Au plan scientifique, en mettant l’accent sur des enjeux théoriques et méthodologiques, le séminaire a tenu ses promesses en étant un espace d’échanges et de réflexions riche, en particulier pour les organisateurs et organisatrices.

Il a permis d’animer une certaine communauté de chercheurs et chercheuses intéressées par les questions soulevées tout en faisant d’EVS le moteur de cette dynamique. Il a permis de mettre en évidence nos collaborations et intérêts communs avec des collègues de France et d’au-delà.

L’interconnaissance entre les organisateurs et organisatrices a été accentuée grâce à ce séminaire, ouvrant la porte à des collaborations à venir. Le séminaire était fondamentalement interdisciplinaire, y compris au sein de notre équipe (géographie, sociologie, aménagent).

Une des séances a aussi permis de mettre en avant les collaborations internationales au sein de l’UMR : présentation de Cosmin Popan, chercheur invité au sein de Biogéophile.