INTERSTICES 23 CHUSS

CHUSS est une contribution venant ouvrir une autre dimension d’un projet plus large qui participe à mieux rendre compte de la diversité du changement urbain dans le monde, à la lumière du phénomène touristique. Plus spécifiquement, le projet se concentre sur les petites et moyennes villes de montagne d’Asie du Sud-Est, qui se sont développées à partir des stations d’altitude coloniales fondées dans les empires français anglais et néerlandais. Il s’agit non seulement de mieux renseigner cette région, où la croissance urbaine est une des plus fortes du monde, mais aussi d’apprendre d’elle pour participer à une nouvelle épistémologie de l’urbain, décentrée, et sortir de concepts fondés dans les anciens empires coloniaux (Parnell et Robinson, 2012). Par ce projet, CHUSS contribue ainsi théoriquement aux études urbaines en enrichissant le concept d’urbanisation subalterne (Mukhopadhyay, Zérah et Denis, 2020 ; Bercegol, 2016, Roy, 2011). Le positionnement du projet se veut critique, s’inscrivant dans une perspective postcoloniale du fait urbain (Roy, 2016; Yeoh, 2011) cherchant à reconsidérer les villes du Sud comme des villes ordinaires (Robinson, 2006 ; Dietrich, 2015), a fortiori celles dites secondaires par rapport à des métropoles qui demeurent le sujet privilégié des études urbaines et des expertises internationales. Puissant vecteur de mondialisation et d’urbanisation, le tourisme véhicule de nouveaux modèles urbains dans les montagnes d’Asie du Sud-Est et il contribue à de profondes restructurations des systèmes d’acteurs, induisant des modes de gouvernance renouvelés. Cette interdépendance entre tourisme et urbanisation dans des espaces aussi vulnérables que les montagnes pose d’évidents problèmes de durabilité, à la fois environnementale, sociale et économique, que CHUSS entend documenter.