Veille #1 Environnement Ville Société

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Veille scientifique sur les dynamiques de changement entre environnement, ville et société

“Viridescence No. 2” (2009) © Yang Yongliang

 

Ce mois-ci, découvrez la première édition de la veille scientifique sur l’actualité des thématiques abordées par les différents ateliers du laboratoire.

Cette veille vous est-elle utile ? Quel usage en faites-vous ? Vos retours m’intéressent. N’hésitez pas à m’aider à améliorer les prochaines éditions en m’envoyant vos remarques et les parutions qu’il vous semble pertinent de partager avec la communauté : berenice.gagne@univ-lyon3.fr

Retrouvez tous les jours des articles et l’actualité du labo au fil de l’eau sur le compte LinkedIn de l’UMR 5600 EVS Environnement Ville Société.

Faire territoire, faire société

  • Logement: « Face à la hausse des prix de l’immobilier, vivre au camping est une solution de plus en plus envisagée dans les classes populaires. Le sociologue Gaspard Lion a enquêté durant quatre ans auprès de ces habitants ». Un article qui présente la parution de Gaspard Lion, Vivre au camping. Un mal-logement des classes populaires (Seuil, avril 2024) (Libération, 04/04/2024).
  • L’Agence européenne pour l’environnement (EEA) publie son « premier rapport European Climate Risk Assessment (EUCRA) [Evaluation européenne des risques climatiques] visant à soutenir l’identification des priorités politiques liées à l’adaptation au changement climatique et aux secteurs sensibles au climat. D’après cette évaluation, les politiques et les mesures d’adaptation en Europe ne sont pas assez réactives face à l’accroissement rapide des risques. Dans de nombreux cas, une adaptation progressive ne sera pas suffisante et compte tenu du fait que de nombreuses mesures visant à améliorer la résilience climatique requièrent un investissement considérable en temps, une action urgente pourrait s’avérer nécessaire, même pour des risques qui ne sont pas encore critiques. L’évaluation identifie 36 risques climatiques majeurs pour l’Europe dans 5 grands domaines : les écosystèmes, l’alimentation, la santé, l’infrastructure, l’économie et la finance. Plus de la moitié des risques climatiques majeurs recensés dans le rapport exigent une action intensifiée et immédiate et 8 d’entre eux sont particulièrement urgents, principalement pour préserver les écosystèmes, protéger les personnes de la chaleur, protéger les personnes et les infrastructures des inondations et des incendies et garantir la viabilité des mécanismes de solidarité européens, tels que le Fonds de solidarité de l’UE » (EEA, 11/03/2024).
  • « Catastrophes patrimoniales» : « Au-delà de leur diversité, les catastrophes patrimoniales agissent comme un révélateur des attachements au bien commun singulier qu’est un monument, mais dévoilent aussi les dynamiques propres de la fabrique du patrimoine, dans la mesure où elles mettent à jour des représentations et des usages jusqu’alors insoupçonnés. Au cœur du dossier est traitée la question de la construction sociale de la catastrophe : quels en sont les impacts en termes de temporalité et de spatialité, quelles sont les mémoires qui se construisent à partir d’elle, comment fait-elle naître ou contribue-t-elle à aviver des tensions sociales, politiques ou géopolitiques ? » (In Situ. Au regard des sciences sociales, 4 / 2024).
  • « Le Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU), lancé en 2003, a officiellement pris fin en 2021. Il visait à restructurer les quartiers socialement défavorisés dans un objectif de mixité sociale et de développement durable, via des opérations lourdes sur l’habitat. Après quinze ans, peut-on dire que le PNRU a eu un impact significatif sur l’offre de logements et sur le peuplement dans les quartiers rénovés? » (France Stratégie, 07/02/2024).
  • L’ANCT – Agence nationale de la cohésion des territoires publie les résultats de la Fabrique Prospective “La nature dans les quartiers prioritaires : quels leviers pour la transition écologique, l’emploi, le lien social et la cohésion territoriale ?”. L’étude vise à identifier en quoi le développement de la nature dans les QPV peut apporter des réponses innovantes aux enjeux de ces quartiers” (ANCT, 01/02/2024).
  • Le maire de New York propose de créer une “Direction de la livraison durable” pour réglementer et superviser la micromobilité due aux applications de livraison: 2- ou 3-roues électriques. Eric Adams, maire de New York: “Les New-Yorkais-es ont été clairs: nous accueillons favorablement l’avenir des transports et de la mobilité, mais nous ne pouvons pas permettre que des mobylettes circulent à toute vitesse sur nos trottoirs, que des applications de livraison exploitent les travailleurs et travailleuses, ou que le chaos règne dans nos rues. Nos rues – et leur utilisation – ont changé, et nous évoluons avec elles. Le Département de la Livraison Durable sera une première nationale nous permettant de reprendre le contrôle de nos rues et de nous assurer que la prochaine génération d’innovations en matière de mobilité fonctionne pour nos travailleurs et travailleuses, nos habitant-es et notre ville, tout en continuant à concrétiser notre objectif de protection de la sécurité publique, de reconstruire notre économie et de rendre cette ville plus vivable pour les New-Yorkais-es issu-es de la classe ouvrière.” (Bloomberg, 24/01/2024).

“Passage” © Cornelia Konrads au Domaine de Chaumont-sur-Loire. Photo : Éric Sander

 

Socio-écosystèmes

  • L’entomo-remédiation : les insectes à la rescousse pour éliminer ou réduire les effets de divers polluants dans des milieux contaminés. Il s’agit de recourir au microbiote d’insectes pour métaboliser des polluants organiques tels que les polluants organiques persistants (POP) ou des polluants émergents comme les microplastiques, les antibiotiques, les pesticides ou encore les nanomatériaux.Cet article synthétise l’état actuel des recherches sur l’entomo-remédiation et définit les perspectives pour optimiser les processus, évaluer les effets écotoxicologiques de cette remédiation sur les insectes et évaluer les éventuels risques d’exposition pour la santé humaine (Science of The Total Environment, 15/05/2024).
  • Une étude qui détermine comment et dans quelle mesure la lumière artificielle nocturne (qui croit avec l’urbanisation) perturbe les écosystèmes du sol. L’éclairage nocturne agit comme une nouvelle forme de stress anthropique: il compromet la stabilité des bactéries du sol et risque d’altérer le cycle de l’azote (Science of The Total Environment, 15/04/2024).
  • A voir : « Rwanda : vivre sur un sol instable ». Une vidéo réalisée avec une équipe de géologues sur les glissements de terrain qui menacent les vies humaines, les habitations et les cultures au Rwanda en raison des fortes pentes, des pluie abondante et de la déforestation (CNRS Le Journal / Le Monde, 15/03/2024).
  • “Regime shifts in Arctic terrestrial hydrology manifested from impacts of climate warming”: une étude des changements des rivières de l’Arctique dus au dérèglement climatique, qui mobilise des données historiques ainsi que des modélisations du climat et de l’hydrologie de la Terre. « Les contributions du ruissellement au débit des rivières se déplacent vers les parties septentrionales du bassin arctique qui contiennent de plus grandes quantités de carbone dans le sol. Les manifestations du réchauffement, de l’intensification du cycle hydrologique et du dégel du pergélisol auront un impact sur les environnements terrestres et côtiers de l’Arctique en raison de la modification des flux fluviaux et des matériaux qu’ils transportent » (The Cryosphere, 05/03/2024).
  • Ultime produit de luxe: l’air. Loin de l’illusion égalitaire qui voudrait qu’on respire toustes le même air, on assiste à l’émergence d’un marché luxueux de l’air. (The New Republic, 21/02/2024).
  • « Un diagnostic de connectivité hydrosociale pour appréhender les potentialités d’usage des petites rivières urbaines : exemple du Croult et du Petit Rosne (Île-de-France) ».« Dans le contexte d’une attention croissante portée aux petites rivières urbaines par les collectivités, il s’agit de proposer des outils permettant de rendre compte des relations possibles des populations à la rivière, ou des populations entre elles grâce à la rivière. Le concept de connectivité sociale, développé pour qualifier la relation des populations aux grands fleuves, est mobilisé et adapté à partir du cas de deux rivières franciliennes » (L’espace géographique 2022/3, 16/02/2024).
  • ”Flood-prone areas are hotspots for urban development”: « Dans le monde entier, la construction de villages et de villes s’est développée plus rapidement dans des zones à haut risque d’inondation que dans des zones moins susceptibles d’être inondées par des rivières en crue, des pluies torrentielles, des ondes de tempête et des changements du niveau de la mer. C’est dans l’Asie de l’Est et dans la région du Pacifique que l’on trouve la plus forte proportion d’établissements humains (plus de 18 %) situés dans des zones inondables. Ce développement dans les plaines inondables est essentiellement motivé par la pénurie de terres dans des zones plus sûres » (Nature, 04/10/2023).
  • “Soil heat extremes can outpace air temperature extremes”: On s’intéresse généralement aux températures de l’air pour quantifier les changements en matière de chaleurs extrêmes alors que l’hydrologie et de nombreux processus biogéochimiques sont plus sensibles à la température du sol. Cette étude montre que « les chaleurs extrêmes du sol augmentent plus rapidement que celles de l’air de 0,7 °C par décennie en intensité et deux fois plus rapidement en fréquence en moyenne en Europe centrale ». La publication met également en évidence une rétroaction entre l’humidité et la température du sol avec un échange du sol vers la basse atmosphère : « Dans des conditions sèches et chaudes, l’énergie absorbée par le sol est utilisée pour le réchauffer, ce qui augmente la libération significative du flux de chaleur et la température de l’air en surface. Cette dernière entraîne une demande atmosphérique plus élevée en eau, augmentant l’évaporation du sol, ce qui peut encore assécher et réchauffer le sol » (Nature Climate Change, 21/09/2023).

 

“Creature of industry” (Donetsk, Ukraine) © Viktor Mácha

 

Flux et circulations – Matières, énergie, déchets et territoires

  • « La tour Insee à Malakoff : anachronie d’une chute » : une tribune contre la démolition de la tour Insee comme le signe d’une époque encore aveugle aux conséquences destructrices – à tous les niveaux – du scénario de la démolition-reconstruction quand « le contexte climatique nous impose de maintenir nos bâtiments le plus longtemps possible». Cette démolition devient le prétexte à penser les cadres idéologiques, politiques, sociologiques et économiques qui président à la fabrique de la ville. « La durée nécessaire à la constitution des matériaux qui entrent dans la fabrication du béton n’est pas comptée. Ainsi, une grande partie du coût des matériaux est cachée, alors même que ce coût deviendrait inestimable si l’on considérait le sable pour ce qu’il est « réellement » : une ressource non renouvelable. Les émissions carbone du scénario démolition-construction sont compensées uniquement si l’on compte une exploitation du bâtiment neuf sur plus de quatre siècles, alors même que nous n’avons pas 100 ans de recul sur la durée de vie du béton » (AOC, 08/04/2024).
  • Publication du Rapport mondial 2024 sur les déchets électroniques: la production mondiale de déchets électroniques augmente 5 fois plus vite que prévu. D’ici 2030, on risque de passer de 62 millions de tonnes de déchets électroniques produits en 2022 (soit une hausse de 82 % par rapport à 2010) à 82 millions de tonnes (soit une nouvelle hausse de 32%). Moins d’un quart (22,3 %) de ces déchets ont été correctement collectés et recyclés en 2022 (Global E-Waste Monitor 2024, 20/03/2024). Une (petite) consolation quand même : une étude qui montre comment récupérer l’or de déchets électroniques en utilisant… du lactosérum, autrement dit du petit-lait, un sous-produit de la fabrication du fromage! Une méthode peu coûteuse qui ouvre des perspectives pour une économie circulaire des composants électroniques, mais qui n’enlève rien à la nécessité d’en réduire la consommation (Advanced Materials, 23/01/2024).
  • Poubellocène : une étude montre que, dans 10 des 16 espèces existantes, des bernard-l’ermite terrestres préfèrent utiliser les déchets (plastiques souvent) plutôt que leur coquille naturelle (Science of The Total Environment, 25/02/2024, en français ici).
  • Out Of Africa: des milliards investis par la Chine, les États-Unis, l’Europe et les Émirats Arabes Unis dans la construction d’infrastructures ferroviaires pour acheminer le cuivre et le cobalt indispensables à nos mode de vie (énergies, transports, technologies) jusqu’à nous. Un article édifiant sur les circulations et les enjeux géopolitiques, économiques, sociaux et environnementaux de ce qu’il est convenu d’appeler notre transition énergétique (Bloomberg, 23/02/2024).
  • « Comment les déchets ont envahi tous les milieux : la folle histoire du « poubellocène ». Alors qu’ils n’existaient pas jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, les déchets ont colonisé le vivant. Au-delà des défis techniques qu’ils soulèvent, ils sont devenus un terrain d’enquête pour les sciences humaines, qui s’attachent à éclairer les systèmes et les mythes à la source de leur production ». (Le Monde, 02/02/2024).
  • Enquête : Le sable se raréfie… et fait l’objet de trafic par le crime organisé. “Principal ingrédient du béton, le sable est la ressource naturelle la plus consommée après l’eau, et la demande dépasse de loin la production” (Scientific American, 01/02/2024).
  • « Ces territoires sacrifiés au pétrole » : un entretien avec Gwenola Le Naour et Renaud Bécot sur les conséquences de la pétrolisation du monde autour de leur ouvrage Vivre et lutter dans un monde toxique (Éditions du Seuil, septembre 2023). “Violence lente” : “Cette expression, créée par l’auteur nord-américain Rob Nixon, caractérise une violence graduelle, disséminée dans le temps, caractéristique de l’économie fossile. Cette violence est également inégalitaire car elle touche prioritairement des populations déjà vulnérables : je pense notamment aux populations noires américaines de Louisiane. Il est fréquent que ces industries s’installent près de zones populaires ou touchées par la précarité. On a tendance à dire que nous respirons tous le même air pollué, or ce n’est pas vrai. Certains respirent un air plus pollué que d’autres. Et ceux qui habitent sur les territoires dévolus aux hydrocarbures ont une qualité de vie bien inférieure à ceux qui sont épargnés par la présence de ces industries” (CNRS Le journal, 29/01/2024).
  • « Le 20 août dernier, l’Équateur a organisé un référendum sur la fin de l’extraction pétrolière dans le parc national Yasuní, ce qui représente une décision historique dans l’effort mondial pour stopper l’extraction de combustibles fossiles dans les régions d’une grande importance écologique ». Quelles leçons en tirer pour le Canada (et d’autres pays du monde) ? (The Conversation, 29/09/2023).

 

Coenobita purpureus avec coquille artificielle : bouchon en plastique © Shawn Miller

 

Santé et environnements

  • Un article publié dans la revue Plos climate qui « montre que le rôle des facteurs climatiques sur la transmission des infections transmises par les moustiques dans les paysages urbains doit être considéré dans le contexte de l’hétérogénéité spatiale de ces environnements. Les auteurs étudient, via des cartes à haute résolution, l’hétérogénéité spatiale du risque de transmission de la dengue dans la mégalopole de Delhi, en Inde, en fonction de la température et de la densité de population. Les résultats soulignent l’inégalité du risque dans un paysage urbain complexe, où les personnes vivant dans des quartiers pauvres et denses sont confrontées à l’effet combiné des températures plus élevées et de la capacité de charge des moustiques. Il est donc nécessaire de mieux cartographier l’interaction entre les facteurs climatiques – qui sont des déterminants dominants de la saisonnalité des infections à transmission vectorielle – et les conditions socio-économiques à l’origine de l’inégalité d’exposition (Géographie-cités, 09/04/2024).
  • « Territoires et santé en transition. Les Suds face aux changements globaux : résilience des systèmes de soins et des territoires face aux enjeux sanitaires contemporains » : nouveau numéro de la revue Suds (Suds, 288/2023).
  • A lire et écouter : un reportage sur l’ancienne aciérie Ilva à Tarente dans le sud de l’Italie, qui crache, depuis 1965, une poussière rouge toxique composée de résidus de minerai de fer et « des fumées nocives qui seraient à l’origine de milliers de décès par cancer ». « La justice italienne enquête sur deux responsables de l’ancienne aciérie Ilva, accusés, d’avoir pollué l’environnement et supprimé les mesures de sécurité du site. Des pics de benzène, une substance chimique cancérigène, sont enregistrés depuis des années autour de cette usine sidérurgique détenue majoritairement par ArcelorMittal. Mais il y a encore urgence car un nouveau pic de benzène a été enregistré mercredi dernier » (France culture, 11/03/2024 et The Guardian, 10/03/2024).
  • Une étude de l’Apur – Atelier parisien d’urbanisme sur l’« Impact du vieillissement de la population sur les mobilités dans le Grand Paris». « À l’horizon 2040, près d’un habitant sur 5 aura 65 ans ou plus dans la Métropole du Grand Paris. L’Apur analyse l’impact du vieillissement de la population sur les offres et services de mobilité afin de faire émerger des enjeux et pistes d’actions. Les mobilités constituent un enjeu déterminant du « bien vieillir », mais également un enjeu environnemental privilégiant les déplacements bas carbone. Après avoir indiqué les projections démographiques, l’étude qualifie les pratiques de mobilités spécifiques des seniors au travers de l’analyse des données de l’Enquête Globale des Transports 2020 et d’une enquête complémentaire menée par l’Atelier au printemps 2023. L’étude dresse un panorama des services de mobilité accessibles, puis quantifie les nombres de déplacements selon les modes de transport au travers de la modélisation de scénarios prospectifs pour enfin identifier 5 enjeux :
    • le confort et la sécurisation des déplacements de proximité,
    • l’accessibilité des transports publics,
    • le déploiement de services de mobilité adaptés aux seniors,
    • la lutte contre la sédentarité et l’isolement,
    • l’accompagnement des politiques de maintien à domicile » (Apur, mars 2024).
  • « La littératie en santé dans l’habitat : une autre manière de mesurer la qualité du logement ». « Le logement peut-il devenir un enjeu de santé publique ? Cette question guide une recherche sur la « littératie » des habitants, qui désigne leurs capacités à associer leurs difficultés dans l’habitat, la qualité de celui-ci et leurs problèmes de santé » (Métropolitiques, 19/02/2024).
  • « Un numéro de la revue L’Espace géographique consacré à la pandémie de Covid-19, envisagée d’un point de vue géographique. Les contributeurs et les contributrices examinent la propagation du virus, les mesures de politique publique et les stratégies individuelles ou collectives pour relier les inégalités territoriales aux effets de la crise sanitaire. Les cas de la Bolivie, de l’Equateur et d’une ville marocaine sont notamment étudiés » (L’espace géographique 2022/2, 05/12/2023)

 

“Entrances” © Miguel Marquez Outside – Michael Pederson

 

Spatialités numériques et géomatique – Méthodes, Modèles et Systèmes spatio-temporels, Environnement et Société

  • « Centre, banlieue, périphérie : quelle répartition des populations ?» : « France Stratégie approfondit des travaux de 2020 consacrés à l’inégale répartition au sein des principales unités urbaines des différentes catégories de population, aussi appelée ségrégation résidentielle. Pour la documenter, cette nouvelle étude étend l’analyse aux principales aires d’attraction des villes, et se fonde sur un calcul d’indices de surreprésentation en croisant catégorie sociale et statut migratoire des personnes » (France Stratégie, 03/04/2024).
  • “A global timekeeping problem postponed by global warming”: cette étude de géophysique montre que l’accélération de la fonte des glaces aux pôles ralentit la vitesse angulaire de la Terre qui avait plutôt tendance à accélérer en raison de changements dans le noyau liquide. Ce phénomène a pour conséquence de retarder de 3 ans (2029 au lieu de 2026) le nécessaire retrait d’une seconde aux horloges atomiques : un geste sans précédent qui pose de multiples problèmes en matière de synchronisation des réseaux informatiques. En conclusion, « le réchauffement climatique affecte déjà la mesure du temps à l’échelle mondiale » (Nature, 27/03/2024).
  • Une publication sur la modélisation des flux de piétons dans une foule à l’aide des grandeurs sans dimension utilisées en mécanique des fluides. Les auteurs proposent de créer 2 grandeurs sans dimensions (les nombres Intrusion et Avoidance) pour quantifier la notion d’intrusion dans l’espace personnel et l’imminence d’une collision et ainsi mieux comprendre la dynamique des piétons dans une foule (PNAS, 19/03/2024).
  • En Suède, les forêts anciennes abritent une plus grande biodiversité, stockent plus de carbone et sont plus résilientes aux changements environnementaux. Ces forêts boréales font pourtant l’objet d’une déforestation 6 à 7 fois plus rapide que la forêt tropicale amazonienne au Brésil (entre 2008 et 2023). « Entre 2003 et 2019, 20 % de toutes les forêts défrichées en Suède étaient des forêts anciennes. Ce qui signifie qu’une part importante des produits forestiers (bois, papier et bioénergie) provient de vieux arbres. Les pertes pour les forêts anciennes non protégées s’élèvent à 1,4 % par an : si la tendance se poursuit, ces forêts anciennes auront totalement disparu d’ici 2070 ». Cette étude concerne la Suède, néanmoins ce rythme effréné de déforestation semble concerner l’ensemble des forêts boréales en Scandinavie, au Canada et en Russie. Les auteurs appellent à la mise en place d’un système coordonné pour cartographier et surveiller les changements dans ces forêts (The Conversation, 13/03/2024).
  • “Current and Future Patterns of Global Wildfire Based on Deep Neural Networks”. Une modélisation à l’échelle mondiale de la fréquence et de la spatialité (étendue et latitude) des feux de forêt, basée sur des réseaux de neurones convolutifs et utilisant les modèles climatiques du dernier Projet d’intercomparaison de modèles couplés (CMIP6) et quatre scénarios d’émissions basés sur les trajectoires communes d’évolutions socioéconomiques (SSP). « Les projections montrent que l’augmentation des émissions entraîne un élargissement des zones brûlées dans les quatre scénarios de référence. À mesure que la gravité des scénarios d’émissions augmente, les feux de forêt les plus violents se déplacent vers des latitudes plus élevées à moyen et long terme (2061-2080) et à long terme (2081-2100) » (Earth’s Future, 18/02/2024).
  • « De l’inégale géonumérisation du Monde ». « Une nouvelle géonumérisation du Monde est en marche, opérée par des systèmes opaques qui ignorent l’absence de données et réactualisent ainsi la notion de blanc des cartes, dans une nouvelle logique d’omission ». « L’ordre cartographique est aujourd’hui produit de façon invisible par des invisibles (les commanditaires de ces boîtes noires et la myriade de néocartographes qui les alimentent) en même temps qu’il produit de l’invisible et des invisibles (les blancs des cartes qui persistent mais sont masqués subrepticement) » (AOC, 02/10/2023).

 

“Untitled”, Istanbul (2003) © Doris Salcedo. Photo: Sergio Clavijo

 

Objets et urbanisation – Usages, fabrications et représentations

  • « Halte à l’urbanisation obsolescente programmée ! » : dernier numéro de la revue Urbanités. « Est-ce que les bouleversements environnementaux poussent à changer les façons de faire du renouvellement urbain ? Comment évite-t-on de fabriquer ou de refaire des bouts de ville déjà obsolètes à leur sortie de terre ? Qu’est-ce qu’on recycle vraiment quand on fait du recyclage urbain » (Urbanités, 29/03/2024).
  • Doit-on encore construire ? L’idée de ville stationnaire” : une lecture de Philippe Bihouix, Sophie Jeantet, Clémence de Selva, La Ville stationnaire. Comment mettre fin à l’étalement urbain ? (Actes Sud, 2022). “Moins construire, mieux répartir. Tel est le credo soutenu par les partisans d’une ville «stationnaire». Critiques des vertus supposées de la densité et des grandes villes, ils veulent redistribuer géographiquement la population vers les villes moyennes et les campagnes. Construire mieux au lieu de construire plus : cette thèse documentée pose la question, fondamentalement démocratique, de son acceptation par les habitants. À l’état stationnaire, ces derniers préfèrent le projet pavillonnaire” (Constructif, mars 2024).
  • « Pour la première fois, tout ce que la planète compte de bâtisseurs, architectes, ingénieurs, bureaux d’études, industriels des matériaux ou de la construction, diplomates ou bailleurs de fonds internationaux se sont réunis autour de la question climatique. Au moins 70 pays se sont engagés, vendredi 8 mars, à revoir et adapter les façons de construire des bâtiments afin de freiner le réchauffement climatique, tout en protégeant le bâti des aléas qui se multiplient, ont annoncé l’ONU et le gouvernement français » (Le Monde, 08/03/2024).
  • « Architecture et soin : des forces et des intérêts communs ». « Le projet « architecture et care » cherche à faire évoluer notre compréhension de l’espace comme un potentiel vecteur de guérison. En pleine crise des systèmes de santé et face aux défis architecturaux contemporains, cette initiative explore des voies innovantes pour concevoir des espaces qui soignent, illustrées par l’exemple de l’Adamant, un centre flottant qui redéfinit l’interaction entre lieu et bien-être » (AOC, 05/03/2024)
  • A écouter : un entretien avec Jérôme Barth sur les chaises de Bryant Park à New York. Du même fabricant français que les fameuses chaises vertes du Jardin des Tuileries à Paris, « elles symbolisent la réussite d’un espace public massivement approprié par les habitants, qui l’envahissent au moindre rayon de soleil. Ces chaises qu’il faut déployer, ranger, entretenir ou remplacer en permanence symbolisent l’attention nécessaire pour faire vivre un espace public hors du commun. Ces efforts de gestion permettent d’offrir un service de qualité, qui lui-même rend possible une parfaite appropriation par un public qui envahit les lieux et permet de les pacifier par sa présence. Le travail de William H. Whyte sur Bryant Park est le point de départ du mouvement du «Placemaking», qui a initié une vague de renouveau des villes d’Amérique du Nord » (dixit.net, 05/03/2024).
  • « Pour une ville « passante, poreuse et profonde ». Une attention à l’expérience des piétons». Recension de David Mangin et Soraya Boudjenane, Rez-de-ville. La dimension cachée du projet urbain (Éditions de la Villette, 2023). « Issu d’une enquête sur les interactions entre espaces publics et espaces privés dans des villes des Suds comme des Nords, le livre richement illustré de David Mangin et Soraya Boudjenane plaide pour un urbanisme attentif à l’expérience du piéton » (Métropolitiques, 12/02/2024).
  • De quoi nos villes sont faites? Quels matériaux pour construire les villes tout en ménageant nos milieux? “De Séoul à São Paulo, les zones urbaines sont faites des mêmes éléments: brique, béton, acier, verre, asphalte et bois” (Bloomberg, 29/08/2023).

 

“Hope in 1/2 Miles” (2019) © KangHee Kim. Benrubi Gallery, NYC

 

Recherches en situation pluridisciplinaire – Enjeux, positions, débat

  • « Une science des pollutions au service des territoires : les instituts écocitoyens». « Comment « faire sens en commun » des phénomènes de pollution si les expériences ordinaires sont systématiquement niées au profit de données générées par un nombre réduit de capteurs dont les angles morts ne sont jamais explicités ? En multipliant les instituts écocitoyens, organisations scientifiques et citoyennes d’un nouveau genre, à l’instar de celui né à Fos-sur-Mer » (AOC, 10/04/2024).
  • « Le 5 mars dernier, le New York Times révélait au monde l’implacable verdict : les géologues ont voté contre l’officialisation de l’Anthropocène. Mais que nous dit vraiment cet évènement ? Le philosophe des sciences Pierre de Jouvancourt revient ici sur les conditions de ce vote et analyse les enjeux à la fois scientifiques et politiques de cette controverse ». « Ce n’est ni « la science » ni « la géologie » qui se sont prononcées en défaveur de l’Anthropocène, mais un certain rapport de force » (Terrestres, 08/04/2024).
  • « L’idéologie du Big Data, une catastrophe annoncée pour l’éthique de la connaissance et de l’action ». « L’idée que le traitement de données pourrait devenir le fondement d’une science nouvelle, pourvu que les données soient suffisamment abondantes et riches et qu’il existe des algorithmes pour repérer des régularités dans le fouillis inextricable qu’elles constituent, a fait lentement son chemin à mesure que progressaient le recueil d’informations en tous genres et les progrès fulgurants de la programmation informatique. Sous le nom convenu de Big Data, cette idée a récemment littéralement explosé, ses promoteurs n’hésitant pas à proclamer «la fin de la théorie» » (AOC, 22/03/2024).