ANR MAGNUM
2016 - 2021 | MIALHE François (Lyon2) | Financeur du programme : ANR
Laboratoires / institutions partenaires
ICRAF (WORLD Agroforestry Centre, Kenya)Participants EVS
François MIALHE (responsable scientifique), Oldrich NAVRATIL (Chercheur), Franck PERRET (Assistant ingénieur), Arthur BOSTVIRONNOIS (IRG, Doctorant), Yanni GUNNEL (Chercheur), Nicolas DENDONCKER (Chercheur, Namur, Belgique).Mots clés
AfriqueConservation, Développement, Evaluation environnementale, habiter, Maasaï, Modélisation, Pastoralisme, Paysage, Perception, Peuplement, Politiques Publiques
Résumé
La perte et la fragmentation des habitats sont des menaces majeures pour la biodiversité et, incidemment, pour la stabilité et l’existence des sociétés humaines. La domination de la nature par les sociétés modernes s’exprime par la transformation et la simplification des mosaïques éco-paysagères, ceci pouvant engendrer une perturbation des processus et une dégradation des services écologiques. Dans ce contexte, les aires protégées ont été conçues comme des pierres angulaires de la conservation de la faune et de la flore sauvage mais ont omis dans le même temps de considérer les nombreux cas de coexistence et de coévolution. De plus, ces enclaves de protection relèguent au second plan l’importance écologique des matrices intercalaires auxquelles sont pourtant inféodées, par exemple, les migrations animales, qui assurent des fonctions écologiques majeures. Le constat est donc celui d’une nécessité de concevoir de nouveaux dispositifs de protection de la nature basé sur un renouvellement de la relation à la nature. Le défi est de mieux comprendre les causes et les conséquences des transformations du paysage, en cherchant notamment à révéler comment les processus écologiques et sociaux s’imbriquent.
Ce défi est considérable en raison (i) de la nature complexe des systèmes étudiés, (ii) des incertitudes à son égard, et (iii) du jeu complexe des échelles et des interdépendances. L’enjeu est d’apprendre à gérer les processus tout en considérant ces éléments plutôt qu’à imposer des prescriptions normées (ex. rendement maximum soutenable). Le projet MaGnuM vise à répondre à certains de ces enjeux à partir d’une étude qui place en son cur le terrain, l’interdisciplinarité, la collaboration, et la modélisation.
La zone d’étude comprend (i) le Parc National de Nairobi, séparé de (ii) Nairobi par une clôture électrique au nord mais ouvert au sud et communiquant avec (iii) une vaste savane au sud. Les grands mammifères se dirigent durant la saison sèche vers le PNN, qu’ils quittent pour les plaines semi-arides du sud lors de la saison des pluies. Les changements d’occupation des sols se sont accélérés depuis la fin des années 1990, suite notamment aux découpages et ventes de terres Maasai et à la croissance urbaine de Nairobi. En conséquence, la savane s’artificialise et se fragmente, entraînant une chute démographique de la plupart des espèces de faune sauvage et une accélération des transitions socio-culturelles. L’objectif est de mieux comprendre comment se produisent les transformations du paysage de manière à mieux comprendre les enjeux et pouvoir susciter de nouveaux modes de gestion du milieu à somme positive pour ses occupants humains et non-humains.
L’hypothèse est que cela nécessite (i) la mobilisation de plusieurs savoir-faire disciplinaires et (ii) la collaboration de scientifiques et de profanes dont les savoirs experts et vernaculaires sont susceptibles de se conjuguer pour promouvoir des apprentissages croisés propices à la mise en place de nouveaux cadres de gestion. Le projet se structure autour de trois Working Packages (WP). Le WP1 est dévolu à la caractérisation du système socioécologique sous des angles pluriels : questions foncières, démographiques, d’usage des sols, pratiques de gouvernance et modes d’exploitations des ressources naturelles, questions écologiques concernant la mobilité de la faune sauvage et la dynamique de la savane.
Des méthodes propres à la géographie physique, aux sciences humaines et à l’écologie seront mobilisées. Le WP2 s’attache à construire des modèles spatiaux numériques en vue de valider les modèles conceptuels du WP1 et de simuler des scénarios co-construits dans le WP3. Le WP2 cherchera à modéliser les mobilités animales, les changements d’occupation du sol, et les scénarios de gestion. Le WP3 a pour vocation d’inscrire une forte dimension collaborative dans les activités de co-production de connaissance et de simulation de scénarios multi-agents.