Archive Atelier 3 : Urbanisation et anthropoconstruction

Fabrication, formes, usages et représentations

Urbanisation et anthropoconstruction

Coordination : Manuel APPERT (Lyon 2), Jorge SANTIAGO (Lyon 2), Sophie VAREILLES (INSA de Lyon)

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Les processus d’urbanisation soulèvent des problèmes d’ordres technique, environnemental, social, politique et urbain. Ils sont incriminés entre autres dans les pollutions affectant les milieux naturels, les changements climatiques et les conditions d’accès à la ville. Afin de résoudre ces difficultés, des solutions sont proposées sous forme de préceptes, idéologies, modèles ou dispositifs techniques : développement durable, ville durable, ville compacte, écotechnologies, réhabilitation d’objets de nature, etc. Ainsi, Les enjeux de l’aménagement des villes portent aujourd’hui par exemple autant sur l’adaptation ou la prise en compte des changements climatiques et des changements globaux associés que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de la qualité de vie, l’accès à la ville, la préservation des ressources et des paysages face à la massification de l’urbanisation. Ces enjeux impliquent de penser la dimension sociale des usages et le prisme socio-culturel des représentations, participant du processus de fabrication. Pour cela, les savoir-faire, les solutions techniques et financières développées ainsi que les formes urbaines résultantes peuvent être réinterrogés dans une perspective dynamique pour laquelle producteurs, fabricants, usagers, publics contribuent aux itérations du processus de fabrication de la ville (aménagement et ménagement des environnements urbains). De cette manière, comprendre et aménager les villes contemporaines passerait notamment par la compréhension des normes et des transactions urbaines, comme à la fois résultantes et supports des rapports sociotechniques, économiques et culturels échelonnés du local au global. De même, les architectures, les plans, les projets et les dispositifs techniques seraient à mettre en perspective dans et pour leur appartenance à des territoires de pratiques et d’action – tout dispositif technique est aussi un dispositif organisationnel et il n’y a pas d’activités sociales sans mobilisation d’objets et dispositifs techniques.

Par processus d’urbanisation, sont entendus les dynamiques technique, sociale, économique, politique et anthropologique contribuant à la construction des espaces et des environnements urbains. L’urbanisation ainsi entendu relève de la fabrication (activités liées au génie civil, à l’architecture, à l’aménagement urbain et à l’urbanisme, etc.), de la régulation (plans, normes, règlements, lois, etc.) et des usages (pratiques, représentations, etc.). Dès lors, quels sont les processus d’urbanisation à l’œuvre ? Quels en sont leur fabrication, leurs formes et leurs usages ? Ces interrogations s’inscrivent dans une variabilité de contextes socioculturels et techniques, à la fois dans le temps et dans les territoires. Pour répondre à ces questions, les recherches prendront appui sur l’observation et l’analyse d’objets et dispositifs techniques, de dispositifs organisationnels : réseaux, voiries, constructions, espaces publics, normes, modèles, programmation urbaine, montages financiers.

Les travaux conduits dans cet atelier s’organiseront autour de 8 grandes approches :

  • Explorer et penser la verticalité urbaine : architecture verticale, représentations et pratiques de la ville verticale. Comment appréhender la verticalisation contemporaine des villes ? Quelles relations et incidences sur la ville durable ? Comment les processus « naturels », les pratiques et usages sociaux, les mobilités, les dynamiques de marchés se déploient-ils dans la 3ème dimension de l’espace urbain ? Quelles appropriations révèlent les pratiques ? Comment l’urbanisme contemporain se saisit-il de la verticalisation ?
  • Morphologies urbaines, morphologies sociales. Comment les morphologies urbaines changent-elles ? De quelles manières ces changements reflètent-ils l’évolution des encastrements sociaux, politiques, économiques, et environnementaux ? Comment les normes réglementaires, le droit et les arrangements institutionnels médiatisent-ils les morphologies sociales et urbaines ?
  • Innovations et processus d’urbanisation : objets et dispositifs. Quels sont les « nouveaux » objets des villes contemporaines ? Quels procédés et matériaux mobilisent-ils ? De quelles façons changent-ils la vie urbaine ? Comment s’individualisent-ils ? De quelles manières informent-ils les milieux sociotechniques et morphologies urbaines existants ? L’observation et l’analyse des dispositifs de gestion des eaux urbains, mais aussi les smart cities ou les « villes intelligentes » seront privilégiées dans cette approche.
  • Construction et pratiques de la ville : perceptions, sociabilités. De quelles manières se lient les acteurs qui fabriquent et ceux qui usent la ville ? Quelle est la perméabilité de ces deux « statuts » ? Quelles sont les pratiques de la ville ? Quelles sont les modalités de mobilisation des objets et dispositifs techniques -tactiques, stratégiques ? régulières ou détournées ? Quelles élaborations discursives lient fabrique et usage de la ville, perception et sociabilité ? L’auto-construction, dans le cadre de la ville industrielle, sera observée pour tenter de rendre compte des rapports entre construction et habiter.
  • Contrôle et pouvoir dans la fabrication et l’usage de la ville. Dans la perspective du droit à la ville (Lefebvre, 1968), nous proposons de revisiter les enjeux d’appropriation de l’espace urbain par les individus et les groupes, y compris à travers la mobilisation des objets et dispositifs techniques. Il s’agit de comprendre la mise en place des rapports de pouvoir dans la fabrique et la pratique urbaine. Les innovations techniques et la financiarisation de la production de la ville interrogent la viabilité de l’accès à la ville et les conditions de la citoyenneté. À l’ère de la surveillance, de la neutralisation des espaces publics et des velléités de séparation, la ville exclurait autant qu’elle inclurait.
  • La ville, changements climatiques et inégalités sociales. À plusieurs échelles, les changements climatiques invitent à réfléchir sur la durabilité des processus d’urbanisation contemporains. Ville étalée, ville verticale, ville dense, ville mixte sont des modèles qui visent la minimisation des nuisances des mobilités quotidiennes. Les performances « écologiques » des programmes de construction et d’aménagement sont l’objet de toutes les attentions. Qu’en est-il de la réception des objets ainsi conçus et réalisés, tant sur le plan social des pratiques, que sur celui des capacités financières des individus et collectifs affectés ? Ces performances ne sont-elles pas trop liées aux indicateurs financiers ? Ne participent-elles pas à la financiarisation du monde au profit de la fabrique de la ville contre l’intérêt général ?
  • Des fabriques et pratiques de la ville plurielles. De quelles manières les activités sociales et les pratiques urbaines se différencient-elles selon les individus et les groupes ? Comment appréhender les différenciations liées au genre, à l’appartenance ethnique et religieuse, aux catégories sociales ou celles relevant de capacités physiques inégales ? Comment prendre en compte l’individuation des pratiques urbaines ? Plus largement, comment appréhender une fabrique de la ville atomisée, multipartite, différenciée dans laquelle la négociation ou l’intérêt des groupes deviendrait dominant ?
  • Techniques, dispositifs techniques et spatiaux de l’urbain et prospective. Partant de l’idée que tout objet et dispositif technique implique un certain nombre de comportement individuel et collectif qu’il « inscrit », voire qu’il « prescrit », toute nouveauté technique est un escompte sur des comportements individuels et collectifs c’est-à-dire sur un mode d’être social. En cela l’observation des nouveaux dispositifs, des inventions, constitue un excellent indicateur de l’exploration des possibles sociaux. L’innovation en tant qu’objets qui finissent par se concrétiser dans le monde, donnerait d’une certaine manière une idée des choix sur les possibles réputés socialement, politiquement et économiquement digne d’être effectués, tout comme elle pourrait donner des indications sur « qui » choisit.

La diversification des terrains d’observation (villes européennes et américaines, des objets (entre les plus ordinaires et banaux, ceux extraordinaires ou nouveaux) est l’un des intérêts de cet atelier qui réunit des chercheurs d’horizons disciplinaires très divers. Ainsi les cadres d’analyse comme les enquêtes pourront emprunter à la géographie, l’urbanisme, la sociologie urbaine, la sociologie des techniques, l’anthropologie de la ville, l’histoire, l’ingénierie, l’ergonomie et l’architecture. Cette diversification devrait faciliter les liens avec les autres ateliers, notamment les ateliers, 1, 4, 6 et 7 à travers les thèmes suivants : anthropisation, représentations, verticalité, paysage, patrimoine / patrimonialisation, genre, nature, multidisciplinarité.

Les communautés formant cet atelier sont déjà engagées dans des partenariats scientifiques :

  • Projet SKYLINE : financée par l’ANR, sur les enjeux politiques, économiques et sociaux d’une dimension de plus en plus contestée du paysage urbain : le skyline. Il vise à poser les principes d’une gouvernance de la verticalisation des villes européennes. Durée : 2013-2016. Porteur : M. APPERT (EVS). Partenaires : EVS, EIVP, LIRIS, Agence d’Urbanisme de Lyon, Westminster Council, Greater London Authority, CABE-Design Council, Grand Lyon.
  • Projet ExPVU -Explorer et Penser la Verticalité Urbaine, consiste en un cycle de conférences/débats initiant une exploration du volume urbain dans le cadre du labex IMU. Durée : 2013-2015. Porteur : M. APPERT (EVS), avec la collaboration de Th. WINIARSKI (ENTPE), X. MARSAULT (MAP-ARIA), Ch. MONTES (EVS) et S. PETITET (Egis France).
  • Projet MGS vise à recenser et systématiser l’analyse des représentations des praticiens, membres de la société civile et du grand public du skyline, en confrontant les caractéristiques géométriques extraites du skyline à partir de photographies, à des photo-questionnaires administrés à des praticiens et membres de la société civile à Lyon et Londres. Durée : 2013-2014. Porteurs : S. MIGUET (LIRIS) et M. APPERT (EVS). Partenaires : EVS, LIRIS.
  • Projet PRATIC, Pratiques sociales, objets techniques et contaminants chimiques et microbiologiques. Analyse sociotechnique des processus de contamination des bassins de rétention et d’infiltration dans l’agglomération lyonnaise, appel à projets Labex IMU 2013. Durée : 2013-2014. Partenaires : EVS (porteur du projet, resp. scientifique : S. VAREILLES), LEM, LGCIE LEHNA, OTHU, Grand Lyon.
  • Projet CABRRES, Caractérisation chimique, microbiologique, écotoxicologique, spatio-temporelle des contaminants des bassins de retenue des eaux pluviales urbaines – évaluation et gestion des risques environnementaux et sanitaires associés, ANR CESA 2011. Durée : 2012-2016. Partenaires : LGCIE (porteur du projet), EVS (resp. scientifique : J.-Y. TOUSSAINT), LEM, LEHNA, SCA, Graie, OTHU, Grand Lyon.
  • Projet MENTOR Méthodologie et outils opérationnels de conception et de qualification de sites de mesures en réseau d’assainissement, ANR ECOTECH 2011. Durée : 2012-2015. Partenaires : IFSTTAR (porteur du projet), LGCIE, EVS (resp. scientifique : S. VAREILLES), LMFA, IMFS, GEMCEA, Nivus, LEESU, Nantes Metropole, Grand Lyon Lyonnaise des eaux.