Faire monde, par et pour les enfants, atelier Faire Territoire Faire Société, 11 octobre 2024

Représentations enfantines du monde. © Anne-Cécile OTT

Atelier Faire territoire, faire société

 

Vendredi 11 octobre 2024 (10-12h30)

18 rue Chevreul 69007 LYON

Salle 604 & en visioconférence 

https://univ-lyon1.webex.com/univ-lyon1/j.php?MTID=m9aaa6223ef2576fc6c2acd86f7462eaf

 Faire monde, par et pour les enfants

 

Intervenantes

Anne-Cécile OTT, Géographe, Chercheure postdoctorante au Centre Émile Durkheim de l’Université de Bordeaux.

Faire monde : sociogenèse des représentations enfantines de l’espace mondial

L’enfance est une période primordiale dans la formation des manières de penser et d’agir, c’est également un moment fondamental pour la construction des pratiques et représentations de l’espace. Les rapports des enfants à l’espace restent toutefois relativement peu explorés par les géographes, et a fortiori leurs rapports aux espaces de petite échelle. Les enfants sont effectivement davantage associés, si ce n’est assignés, au local. Mes travaux, qui s’intéressent aux représentations enfantines du monde, montrent néanmoins que les enfants ont, dès le plus jeune âge, des représentations de l’espace mondial et une conscience des enjeux globaux. À partir de mon travail de thèse, une enquête menée auprès de 248 enfants âgés de 6 à 11 ans et scolarisés dans quatre écoles élémentaires parisiennes, je propose tout d’abord de revenir sur les enjeux méthodologiques qui président à l’analyse d’un objet complexe comme le monde auprès d’une population singulière. Le dispositif pluri-méthodologique déployé, l’observation dans les écoles, l’analyse des supports pédagogiques ou encore des entretiens avec les enfants, m’ont permis de dresser un panorama des manières enfantines de représenter le monde, avec une diversité de sens et d’échelles. Les représentations des enfants sont également porteuses de discours (géo)politiques en mettant en relation et hiérarchisant les espaces mais aussi en questionnant des enjeux globaux. Mon travail s’attache enfin à explorer les différenciations entre les représentations enfantines : il montre que ces dernières sont le produit d’un processus de socialisation multiple, à la croisée de différentes sphères d’influence (la famille, l’école, les médias, les groupes de pairs). Analyser la socialisation des enfants au monde et par le monde permet de mesurer que les représentations spatiales révèlent et produisent des rapports de force qui structurent le monde social dès l’enfance.

 

Félicie ROUX, MCF en sociologie INU Champollion d’Albi, LISST-Cers (U. Toulouse Jean-Jaurès/CNRS)

Les conditions d’émergence de mobilisations de parents d’élèves séquano-dyonisiens : réflexions sur les effets du contexte résidentiel

Cette communication s’inscrit dans le cadre d’une recherche doctorale qui interroge les ressorts, modalités et effets de la politisation parentale en Seine-Saint-Denis. Elle s’intéresse plus particulièrement à l’étude de la dimension spatiale des mobilisations et aux incidences politiques du contexte résidentiel sur les pratiques contestataires et rapports et institutions publiques. Ces questions sont abordées à travers le cas de contestations de parents d’élèves qui autour de motifs variés contestent des inégalités territoriales. Cette communication propose de revenir plus spécifiquement sur un des grands axes abordés dans cette thèse qui s’intéresse aux conditions d’émergence de ces mobilisations dans l’espace local. Pour ce faire, deux niveaux entremêlés ont été examinés, à savoir le niveau individuel qui consiste à comprendre, à partir d’une étude des trajectoires et expériences socialisatrices des parents leurs dispositions à percevoir la situation comme injuste et à agir. À partir de l’élaboration d’une typologie, je reconstruis les groupes sociaux d’appartenance et leurs modes de présence locale en articulant leurs trajectoires socio-professionnelles et leur socialisation politique à leurs trajectoires résidentielles. L’analyse porte un intérêt particulièrement à la construction biographique des rapports à l’école, à l’espace et au politique. Partant du principe que les dispositions ne suffisent pas à expliquer la constitution d’engagements collectifs, un deuxième niveau d’analyse (imbriqué au premier) s’est intéressé aux modalités pratiques d’investissement de ce rôle, de constitution des engagements collectifs et aux conditions d’activation des dispositions critiques. L’analyse porte alors sur les pratiques des parents dans leur espace de vie et souligne le rôle de différents réseaux localisés (sociabilités, voisinage, réseaux militants) et de différentes formes d’intermédiation. Ces éléments soulèvent plus largement des pistes autour des effets de l’accès à la fonction parentale sur l’actualisation des rapports à l’espace et au politique.