Séminaire : Occupations féminines et luttes féministes

Une approche intersectorielle

Vendredi 10 mars 2022 (10-12h30)

EVS (UMR 5600) – Atelier Faire territoire, faire société

Lien du Webinaire

https://univ-lyon1.webex.com/univ-lyon1/j.php?MTID=m49e2eca5c6fe1219e5319d7e522e5b90

Fanny Gallot, Maitresse de Conférences en histoire contemporaine Historienne à l’UPEC, membre du CRHEC (Centre de Recherche en Histoire Européenne Comparée) et enseigne à l’INSPE de Créteil.

Appréhender les luttes du travail reproductif de « femmes immigrées » de 1968 aux années 1980

La conceptualisation en termes de travail reproductif permet d’envisager conjointement le travail rémunéré et non rémunéré « nécessaire pour développer et maintenir la force de travail » : il peut être réalisé gratuitement dans le cadre de la famille sous la forme du travail domestique ou encore se trouver dévalorisé dans la sphère professionnelle du fait de la naturalisation des compétences liées à l’assignation au domestique. L’enjeu de cette intervention est de proposer quelques pistes pour appréhender les mobilisations de « femmes immigrées », une catégorie d’action publique homogénéisante qui se forge dans les années 1968 et la manière dont elles mettent en jeu le travail reproductif tantôt pour dénoncer sa sous-rémunération dans la sphère professionnelle, tantôt comme moteur d’une implication militante dans le quartier en tant que travailleuse domestique non rémunérée dans la famille.

Joanne Le Bars, Maîtresse de Conférences en Géographie, Université Gustave Eiffel
Laboratoire Analyse Comparée des Pouvoirs

Groupe de recherche Justice, Espace, Discriminations, Inégalités

Des femmes sans-papiers dans la lutte. Trajectoires d’engagement, lignes de clivage et résistances quotidiennes

Cette communication entend revenir sur l’engagement de femmes sans-papiers à partir d’une approche ethnographique et longitudinale menée de fin 2009 à aujourd’hui en Île-de-France auprès d’un collectif de sans-papiers, une lutte en faveur des travailleuses sans titre de séjour menée au sein d’une association mais aussi le suivi de certaines militantes sur le long terme. Suivant l’apport des études sur les mouvements des femmes et les travaux féministes qui ont, dans la sociologie du militantisme, permis de travailler les frontières entre privé et public, entre militantisme et non-militantisme et entre mouvements et institutions, cette communication souhaite approfondir les conditions d’émergence de ces mobilisations collectives, les formes de repositionnement de soi qu’elles insufflent, les rapports de pouvoir qui les traversent et les lignes de clivages entre ces militantes. De la matérialité des lieux aux pratiques spatiales en passant par l’appropriation de l’espace, de l’espace privé à l’espace public, du corps à la construction du chez-soi, à la ville et aux frontières de la nation, je souhaite également montrer comment, face à un dispositif disciplinaire complexe, ces formes de politisation collectives s’inscrivent aussi pour ces femmes dans une pluralité de formes de contestations et de résistances quotidiennes hors de la scène militante entamées dès la société de départ.

© Solène Beaucher, 2010