Réseaux, flux et politiques de l’environnement urbain : HDR en études urbaines de Laurence Rocher «

Soutenance le 9 février 2023 à 14h00 en salle François Goguel, IEP de Paris, 27 rue Saint-Guillaume, Paris 7e

Jury :  Sabine BARLES, Hervé CORVELLEC, Olivier COUTARD (Rapporteur), Natacha GONDRAN (Rapporteur), Eric VERDEIL (Garant et rapporteur)

Résumé du mémoire inédit – Energie, déchets, territoires. Circulations et circularité des flux résiduels

Le mémoire met en relation l’énergie et les déchets, abordés en tant que flux résiduels des systèmes urbains contemporains. Une réflexion dialectique est développée à partir d’une mise en miroir de deux objets : d’une part les déchets, qui font l’objet d’une valorisation énergétique ancienne et établie, et d’autre part le surplus énergétique, sous la forme de « chaleur fatale », dont la récupération est encouragée, mais de manière très récente et encore peu stabilisée. Une double hypothèse est posée : la production énergétique tend à devenir un moyen d’absorption des déchets, tandis que l’énergie perdue n’est pas régulée en tant que déchet mais comme ressource. L’analyse développée adopte une perspective critique de l’économie circulaire, et se situe dans le champ des approches sociopolitiques des infrastructures urbaines et des flux qu’elles véhiculent. Le parti-pris méthodologique consiste toutefois à « désurbaniser » le regard, c’est-à-dire à s’attacher aux normes, aux politiques et aux instruments qui gouvernent ces flux, souvent de manière discrète, afin de mieux saisir le « moment urbain » de leur circulation effective. De ce parti-pris est issue une enquête qui se déploie en quatre temps, et autant de chapitres. Le premier examine les ressorts d’une « climatisation » des déchets, c’est-à-dire l’application au secteur des déchets d’un système de référence et de cadrage issu de la gouvernance climatique, en particulier la comptabilité et les instruments de marché du carbone. En découle un cadrage énergétique, selon lequel la prise en charge des déchets est de plus en plus déterminée par des considérations énergétiques. Ce constat est développé dans un second chapitre qui décrypte plusieurs vecteurs de la normalisation énergétique des déchets. Un troisième chapitre est consacré à une étude de la mise en politique de la chaleur fatale, en tant qu’objet énergétique singulier qu’il s’agit d’identifier et de constituer en ressource, au moyen d’instruments dédiés. Le quatrième et dernier chapitre est consacré à des études de terrain conduites dans quatre territoires : Lyon, Lille, Dunkerque et Rotterdam. Les enquêtes portent sur des tentatives, réussies ou non, d’utilisation de chaleur fatale issue des déchets et/ou de l’industrie à des fins de chauffage urbain. Elles mettent en évidence la manière dont les flux de déchets, d’énergie, mais aussi de carbone, interfèrent et composent des métabolismes résiduels territoriaux très imbriqués mais très peu circulaires.