Crise de l’eau : regard croisé entre la Martinique et la Bulgarie

Oméya Desmazes et Raphaëlle Segond

le 1er février de 13h30 à 15h, en distanciel

En 2020-2021, dans un contexte où les autorités préconisent des règles sanitaires strictes pour lutter contre la pandémie de Covid19, des coupures d’approvisionnement en eau conséquentes marquent les deux territoires, font polémique et révèlent les défaillances et vulnérabilités générales des systèmes d’approvisionnement en eaux.

En Martinique, près de 40 000 habitants du Centre et du Sud de l’île sont privés d’eau entre les mois de sécheresse de mars à mai 2020. La baisse de la disponibilité de la ressource met en lumière des dysfonctionnements structurels de la gestion de l’eau potable sur le territoire. Des mobilisations citoyennes informelles s’organisent à travers des collectifs d’usagers à l’échelle des quartiers privés d’eau, pour protester contre le manque d’approvisionnement d’abord, puis contre la pollution de l’eau, le prix de la facture, la mainmise d’une multinationale (SME, filiale de SUEZ) sur l’eau, la corruption des élus locaux… Bref, il s’agit de mettre en lumière des formes d’injustices ressenties au sein de la population. Ces forts mécontentements exprimés par la population à travers collectifs et associations font resurgir la place du passé colonial dans les logiques de partage de la ressource et rejoignent des revendications identitaires fortes propres aux territoires “outre-mer” (la vie chère, la contestation du pass vaccinal, la dépendance alimentaire, les inégalités de revenus, etc).

En Bulgarie, pendant 7 mois la ville de Pernik (+/- 70 000 hab) a été rationnée en eau. Le lac de barrage de Studena est totalement asséché. Le gouvernement a d’abord invoqué un argument climatique (sécheresse) mais rapidement la population s’est mobilisée pour dénoncer les 70% de pertes sur les réseaux et surtout la mauvaise répartition de l’eau, déviée pour fournir des entreprises de production d’électricité plutôt que la population. La corruption des élites est largement dénoncée. La mobilisation de la population a permis au sujet de gagner une visibilité nationale, le ministre de l’environnement a été contraint de démissionner. La crise de Pernik a mis sur le devant de la scène des problèmes de gestion et de répartition de l’eau globaux, et des discours alarmistes laissent entendre qu’une grande partie du pays pourrait être prochainement privée d’eau si des mesures globales ne sont pas rapidement prises.

À travers ces deux présentations nous souhaiterions interroger la notion de “crise de l’eau” mobilisée sur nos terrains d’études respectifs :
Quels sont les éléments qui – en pleine crise globale de covid 19 – permettent de qualifier ces événements de critiques ?

  • Que révèlent ces crises et que permettent-elles de comprendre des systèmes actuels de gestion de l’eau potable en Bulgarie et en Martinique ?
  • Comment les acteurs se sont-ils appropriés les discours de la crise ? Avec quelles intentions ?
  • Quels effets de ces situations de crise sur les waterscapes bulgare et martiniquais ? quels changements? ruptures? ou freins au changements ?

Lien pour participer :

https://cnrs.zoom.us/j/97409744057?pwd=WHE2cFRqWjJlbTFZVVhSUE9YWmNwQT09