(Re)penser les mémoires par/pour de nouvelles approches ?

Fresque au Mémorial de Montluc à Lyon, peinte sur le mur du lieu où les 44 enfants d’Izieu furent internés le 6 avril 1944 avant leur déportation et leur assassinat à Auschwitz-Birkenau. Photographie : Dominique Chevalier, Mars 2019.

Journée d’étude organisée et animée par Dominique Chevalier (MCF-HDR Lyon 1, co-responsable de l’atelier) et William Robin-Detraz (Doctorant Lyon 2).

20 janvier 2023

9h30-12h – 14-16h

Atelier « Faire territoire, faire société » – UMR EVS 5600
Salle de la Rotonde 18 rue Chevreul 69007 LYON

Alors que les sciences sociales ont connu un « boom mémoriel » depuis les années 1990 (Berliner 2005), les questions de mémoires sont désormais bien institutionnalisées et intégrées dans les réflexions des différentes disciplines à tel point que les approches mémorielles
deviennent des sous-champs disciplinaires (en histoire (Nora 1984-1992), en anthropologie (Candau 2005), en sociologie (Lavabre & Gensburger 2005), en géographie (Hoelscher et Alderman 2004 ; Chevalier et Hertzog 2018), en science politique (Gensburger et Lefranc
2017)). Notion polysémique, la mémoire est ainsi devenue un « objet » de recherche transversal des sciences sociales appelant le développement et l’approfondissement de l’interdisciplinarité pour la comprendre.

Les approches mémorielles étant désormais bien codifiées, il nous a semblé pertinent d’interroger les mémoires sous l’angle de nouvelles approches, elles aussi transversales dans les sciences sociales actuelles, en confrontant les points de vue de différents chercheur.es francophones travaillant sur les mémoires, d’horizon disciplinaire variées et aux terrains d’études divers. Nous proposons ainsi aux chercheur.es invité.es de mettre en commun leurs réflexions sur les
mémoires à partir de leurs propres recherches en suivant quatre approches :

  • (Re)penser les mémoires au prisme de l’« ordinaire ». Alors que les recherches se sont bien souvent concentrées sur des événements traumatiques ou des mémoires douloureuses, comment envisager les mémoires par une approche de l’ordinaire (Chivallon 2012) ? Comment dans les récits de l’extraordinaire se mélangent également les récits de la vie de tous les jours (Michonneau 2020) ? L’interaction entre mémoires
    individuelles et mémoire collective se (re)trouve-t-elle à cette jonction entre l’ordinaire et l’extraordinaire ?
  • Genre et mémoires. Il s’agira d’interroger, en paraphrasant Claire Hancock (2014), « Comment penser (avec) le genre fait gagner, (et perdre), à la réflexion sur les mémoires ? » Y a-t-il une dimension genrée des mémoires et comment se retrouvent- elles exprimées ? Comment aborder cette dimension méthodologiquement et l’intégrer dans
    toute approche sur les mémoires en sciences sociales ? Les circulations et les échelles de mémoires. En tenant compte de l’aspect « mondialisé » des mémoires contemporaines (Rousso 2007 ; Hertzog 2020), comment
    se pose désormais la question des circulations mémorielles ? Comment aborder la dialectique entre les « lieux de mémoire » localisés et les logiques de commémorations transnationales ? Comment articuler les questions d’ancrage et de circulations mémorielles selon des logiques individuelles/collectives, locales/nationales, régionales/transnationales (Chevalier 2017 ; Sintès 2017) ? Dans quelle mesure l’approche en termes d’« échelles de mémoires » vient-elle compléter, ou non, les approches en termes de régimes d’historicité et de régimes mémoriels (Michel 2015) ?
  • Enchevêtrements ou concurrence des mémoires ? De par leur caractère politique et leur charge émotionnelle forte, les mémoires sont conflictuelles et font l’objet de luttes. Pour autant, peut-on parler de concurrence des mémoires ou bien d’un enchevêtrement des récits mémoriels (Goussanou 2020) conduisant à l’élaboration de mémoires
    « multidirectionnelles » (Rothberg 2004) ? Qu’est-ce que ces différents vocables révèlent de l’aspect conflictuel des mémoires ? Ne rejoue-t-on pas par là une vision normative des mémoires que l’on retrouvait dans les débats des années 2000 entre les tenants des « abus de la mémoire » et ceux du « devoir de mémoire » (Ledoux 2016) ?

Nous invitons chaque intervenant.e à se saisir de ces questions et d’y répondre à l’aune de leurs propres travaux. Cette séance aura lieu de manière hybride : à la fois en présentiel et en distanciel.

Voici le lien webex de connexion :
https://univ-lyon1.webex.com/univ-lyon1/j.php?MTID=m5fe0a00fef2cfd377f7625c2ba2c266b

Numéro de la réunion :
2730 307 3438
Mot de passe :
uMSR4PTvM53

Après une présentation des participant.es et de leurs travaux, nous consacrerons une heure par questions avec un premier temps d’exposition pour chaque participant.e, suivi d’un temps d’échanges entre eux et enfin un temps de questions-réponses entre les intervenant.es et le public de l’atelier.
Participant.es à cette journée d’étude :

  • Christine Chivallon, géographe-anthropologue, directrice de recherches première classeau CNRS, LC2S
  • Stéphane Michonneau, historien, professeur des universités, université de Lille, UMR IRHiS
  • Pierre Sintès, géographe, maître de conférences HDR, Aix-Marseille Université, UMR TELEMMe
  • Marie Pouillès-Garonzi, géographe, doctorante, Université Lyon 2, UMR-EVS