Café fluvial : Perturbations physiques et fonctionnalité écologique optimale : Quels objectifs ? Avec quels moyens ? Et quels types d’actions ? par Fabien Boutault
Perturbations physiques et fonctionnalité écologique optimale : Quels objectifs ? Avec quels moyens ? Et quels types d’actions ?
Retour d’expérience et réflexions prospectives sur la rivière Dordogne dans sa moyenne vallée
par Fabien Boutault
Café fluvial du 26 novembre 2021 – 13h30 salle D4.230 à l’ENS.
Depuis la seconde moitié du 19ème siècle, les pressions humaines n’ont eu de cesse d’impacter de plus en plus lourdement les rivières (Petts, 1979 ; Gregory, 1987 et 2006). En réponse à ces pressions (barrages, extractions, protections de berges, recalibrages, rectifications, …), de multiples dégradations écologiques et paysagères ont été constatées (Gregory et Park, 1974 ; Petts et Gurnell, 2005 ; Rollet, 2013 ; Arnaud, 2015 ; Marchese et al., 2017). Face à l’ampleur des différentes pertes écologiques et économiques induites par ces dégradations, les programmes de restauration sont devenus de plus en plus populaires dans les pays où les rivières sont les plus dégradées, et où les conditions économiques et financières permettent d’intervenir (Costanza et al., 2002). Malheureusement, malgré les efforts entrepris pour mettre en œuvre des projets de restaurations écologiques en rivières, nombre d’entre eux ont été, et sont encore considérés comme des « échecs » (Sear, 1994 ; Wohl, 2015). Les causes de ces « échecs » semblent se situer en amont des projets, avec (1) un manque de connaissances scientifiques et d’informations spatialement et temporellement quantifiées sur les dégradations et leurs origines ; mais aussi en aval, avec (2) des suivis post-restauration qui ne permettent pas toujours d’évaluer précisément leur réussite, et (3) un manque de communication vulgarisée pour le grand public qui, n’ayant pas participé à l’élaboration du projet, peut alors le percevoir comme une déception (Pedroli et al., 2002). C’est dans ce cadre qu’aujourd’hui, notamment grâce (i) aux avancées scientifiques obtenues ces 40 dernières années sur la rivière Dordogne (Pustelnik, 1982 et 1987 ; BIOTEC, 2011 et 2012 ; ECOGEA, 2000-2021 ; Piégay, 2015 ; Boutault, 2016 et 2020), mais aussi (ii) aux politiques locales (EPIDOR – Reserve de Biosphère de l’UNESCO, LIFE Dordogne), et (iii) à la volonté commune de l’ensemble des acteurs présents sur le bassin (EDF, AEAG), que des recommandations hydrosédimentaires permettant d’atteindre une fonctionnalité écologique optimale ont récemment pu être émises ([In Press] Boutault et Lascaux, 2021). Dans le futur, ces recommandations viendront compléter les mesures déjà prises (mitigations des éclusées, améliorations de la continuité écologique), afin de limiter et/ou atténuer le plus possible les impacts humains sur la rivière.
Fabien Boutault est hydromorphologue. Il a réalisé sa thèse au sein du laboratoire Environnement Ville Société (UMR 5600), et il est aujourd’hui chargé d’études à ECOGEA (Bureau d’Etudes et COnseils en Gestion des Environnements Aquatiques, basé au 352, avenue Roger Tissandié – 31600 Muret).