Mémoires vives, mémoriaux et actualités politiques : quelles traductions spatiales pour quels enjeux sociaux ?
Séance organisée par Dominique Chevalier (MCF-HDR Université Lyon INSPE / UMR EVS).
Cette nouvelle séance de séminaire de l’atelier « Faire territoire, faire société » propose de questionner les spatialisations et les enjeux sociaux et politiques de mémoires traumatiques. Ce fil rouge mémoriel permettra de croiser trois moments historiques marqués par la violence et la barbarie : les attentats du 13 novembre à Paris, les plus meurtriers que la France ait connus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les commémorations du génocide perpétré contre les Tutsis rwandais en France et les mémoires des « Tirailleurs sénégalais » morts pour la France. Les dynamiques mémorielles seront analysées à travers le prisme de circulations, de récits, de jeux d’acteurs, d’identités et de patrimonialisation.
Les notions de mémoires vives, d’actualités politiques, de cicatrices, de résilience, de commémoration et remémoration, de réparation seront ainsi abordées à partir des trois communications suivantes :
Sarah Gensburger, Chercheuse en sciences sociales, CNRS-ISP Les mémoriaux du 13 novembre : du quartier au musée
Après les attentats de janvier puis novembre 2015 à Paris, des milliers de messages, dessins, bougies, objets et autres photographies ont été déposés sur les lieux des attentats. Cette présentation reviendra sur cette pratique sociale avant d’analyse la patrimonialisation dont l’ensemble de ce qui est désormais qualifié d’ »hommages » ont et font toujours l’objet. Cette présentation prendra appui sur les travaux conduits dans le cadre de la publication de Mémoire Vive. Chronique d’un quartier (Bataclan, 2015-2016), (Anamosa, 2017) et co-dirigé avec Gérôme Truc, Les Mémoriaux du 13 novembre (Ed. EHESS, 2020).
Rémi Korman, EHESS/CESPRA Commémorer le génocide des Tutsi en France : quels lieux et quels enjeux ?
Au Rwanda, la mémoire du génocide des Tutsi se matérialise principalement dans des lieux et espaces commémoratifs dédiés. Sites de massacre ou sites d’inhumation, les mémoriaux et cimetières du génocide constituent une nouvelle géographie de la mémoire à l’échelle de tout le territoire. En France et plus largement dans les pays où vit une diaspora rwandaise, des commémorations sont organisées depuis 1994. Pour cette présentation, je reviendrai sur l’évolution des lieux et espaces où ces commémorations se sont déployées. Je montrerai la dimension locale, nationale et transnationale de la patrimonialisation de la mémoire du génocide des Tutsi.
William Robin-Detraz, Étudiant en M2 Sciences sociales à l’ENS de Lyon, Agrégé de géographie. Les sépultures des Africains « morts pour la France » : lieux, commémorations et mobilisations de la mémoire des tirailleurs sénégalais
L’appel du Président E. Macron le 15 août 2019 à l’occasion de la commémoration du 75e anniversaire du débarquement de Provence marque un intérêt renouvelé pour la mémoire des tirailleurs sénégalais. Les combattants africains de la France coloniale incarnent l’ambivalence et la complexité aujourd’hui du rapport à ce passé, entre mémoire et oubli, qui tend de plus en plus à être exhumé et mobilisé selon l’actualité politique comme ce fut le cas en juin 2020 au moment des mobilisations dites « Black Lives Matter ». Cette présentation s’appuiera sur un travail de recherche en cours autour des cimetières dédiés à la mémoire des combattants africains déclarés « morts pour la France », notamment à partir de trois nécropoles nationales : le Tata sénégalais de Chasselay (Rhône), la nécropole de la Doua à Villeurbanne (Rhône) et le camp de Courneau (Gironde). J’essayerai de démontrer à travers ces études de cas comment la mémoire des tirailleurs sénégalais est représentative du rapport au passé colonial aujourd’hui en France, entre commémorations, revendications et politiques mémorielles.
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vendredi 26 mars 2021
9:50 | (UTC+01:00) Bruxelles, Copenhague, Madrid, Paris | 3 h 20 min.