Par, à travers et avec les objets : des approches pertinentes pour les études urbaines ?

La Corogne, 2018 ©S.Vareilles

Journées d’étude, jeudi 20 et vendredi 21 juin 2019, Lyon

Eléments de contexte

L’atelier 3 s’intéresse aux objets urbains pour rendre compte de l’urbanisation et en particulier des processus politiques, environnementaux, sociaux et techniques que l’urbanisation conditionne et oriente – typiquement pour la période contemporaine, les enjeux autour de la crise environnementale et des changements techniques. Ainsi, l’atelier regroupe des travaux relevant principalement de la géographie, de l’urbanisme, de l’anthropologie et de la géo-histoire, mobilisant des cadres d’analyse, des méthodes et des terrains d’enquête pluriels, qui ont, cependant, en commun de partir des objets. Cette posture a été rapidement appelée « approche par les objets ». En l’état, cette expression reste peu questionnée au sein de l’atelier.

Ces journées d’étude visent à pallier ce manque. Elles ont pour objectif de réfléchir et de mieux fonder les postures de recherche de l’atelier 3 et, au-delà peut-être, au sein de l’UMR et dans le domaine des études urbaines. Elles s’organiseront autour d’interventions de chercheurs de l’atelier et de chercheur extérieurs à l’unité, dont les travaux témoignent d’une attention particulière aux objets.

Ces journées d’étude ont été labellisées dans le cadre des 80 ans du CNRS.

Objectifs

Ces journées d’étude visent à confronter des travaux de recherche qui, partant des objets, traitent des questions sociales, urbaines et environnementales. Ces objets se révèlent multiples dans leurs échelles et leurs fonctions :

  • petits objets avec lesquelles on vit : mobilier urbain, outils, vêtements, aliments, prothèses, matériaux, déchets, etc. ;
  • objets dans lesquels on habite : maisons, appartements ;
  • objets communs dans lesquels on passe : écoles, magasins, hôpitaux, gares, etc. ;
  • objets dans et par lesquels on se transporte : automobile, métro, vélo, etc. ;
  • objets intermédiaires par lesquels on vise des objets réels ou potentiels : plans de construction, cartes, téléphone, projets, médias, etc. ;
  • objets d’objets ou objets mosaïques : rues, quartiers, ville, etc. ;

Ces objets sont très divers dans leurs formes, leurs
fonctions et leur histoire, mais chacun est un artefact issu de nous et chacun
retentit sur nous et nous oriente. Aucun n’est neutre. Tous révèlent nos vies
et cette capacité à révéler est une des raisons de l’intérêt d’une
« approche par les objets ». Ils entretiennent entre eux une forme
d’écologie ou d’écosystème des objets qui fait que le plus anodin est souvent
aussi signifiant que le plus manifeste.

Pour appréhender cela, les travaux visés débordent le champ
strictement urbain et auraient en commun de s’intéresser au rôle des objets
dans l’action et les activités sociales (publiques, privées, collectives,
individuelles, économiques, domestiques, etc.).

Il s’agira, à travers ces journées d’étude, d’aller à la rencontre de quelques questions-clefs :

  • Existe-t-il des convergences entre ces travaux et leur diversité (cadres d’analyse, méthodes d’enquête, traditions de recherche, terrains, etc.) ? Comment l’attention aux objets se décline-t-elle dans ces travaux ? Quels cadres d’analyse ou traditions de recherche recouvre-t-elle ? De quelles disciplines s’inspire-t-elle ? En quoi recoupe-t-elle les analyses « sociotechniques » et plus généralement la question technique ? Quelles méthodes mobilise-t-elle ? ;
  • Comment interroger/intégrer le type de connaissances que ces approches produisent ? Quelle est leur pertinence face aux enjeux actuels de la recherche urbaine ? En quoi ces connaissances sont-elles originales et fécondes, voire appellent des dimensions de recherches qui n’existent pas encore ? Que peuvent-elles apporter pour la période contemporaine et pour les périodes anciennes ? Pour les villes du Nord et pour celles du Sud ? Comment peuvent-elles se développer dans des contextes de production de connaissances pluridisciplinaires ? Etc.

A partir de ces questionnements, ces journées d’étude n’ont pas vocation à définir une approche par les objets, mais à appréhender une pluralité d’approches et à les situer dans le champ des études urbaines et plus largement des études sur l’anthropocène. De multiples concepts peuvent y être mobilisés : affordance (Gibson), agency (Gell), script technique (Akrich), objets intermédiaires (Vinck), matières à penser (Warnier), schèmes (Simondon) et chaînes (Lemonnier) opératoires, etc. De multiples champs théoriques peuvent donc s’y exprimer : culture matérielle, technologie culturelle, culture sociotechnique, anthropologie du quotidien, philosophie des techniques, etc.

Comité d’organisation

Jérôme Goffette, Marie Goyon, Jean-Yves Toussaint, Sophie Vareilles

Contact : sophie.vareilles@insa-lyon.fr