Séminaire GDR CEM: Jeux d’échelles en Europe médiane

Vendredi 5 avril 2019 – de 14h à 17h30

Site Buisson, salle D8.006 de 14h à 17h30 h

Photo : E. Boulineau , avril 2018

Ce séminaire du GDR Connaissance de l’Europe médiane est organisé conjointement avec l’atelier 6 de l’UMR EVS 5600.

L’analyse par échelles est partagée par les sciences sociales, qu’il s’agisse d’échelles de temps ou d’espace entendues comme ordres de grandeur. Les échelles de temps sont discutées sous formes de temporalités, de régimes d’historicité, de longue durée ou d’événement, de rupture ou de continuité, voire de transition, et la liste n’est pas close. Du côté des échelles d’espaces, la réflexion a porté sur la dissociation entre échelles d’action, échelles d’observation et échelles de collecte d’information. Il s’agit là d’une question d’ordre méthodologique car ces trois types d’échelles ne sont pas forcément similaires. Il convient alors de travailler sur le jeu d’échelles par ce qui concerne plusieurs échelles (le multi-scalaire) ou ce qui traverse les échelles (le trans-scalaire). L’idée du séminaire est de croiser des échelles de temps et d’espaces et non de raisonner sur une échelle de référence : la variation des échelles change la perspective temporelle ou déconstruit les effets d’intégration spatiale. Réfléchir sur les jeux d’échelles, c’est donc aussi raisonner dans une démarche heuristique sur une construction par les sociétés des référentiels de temps et d’espace. Par rapport à ces cadres d’analyse généraux, comment se positionne la réflexion sur l’Europe médiane ?

Les travaux sur l’Europe médiane ont souligné des ruptures de
temporalités (révolutions, événements et moments-clés, 1989 pour ne citer
qu’une date) et un manque d’accumulation du temps engendré par les ruptures
politiques et économiques doublé parfois du sentiment de repartir à zéro. Les
échelles de temps ont pu y être senties comme décalées — sous forme par exemple
d’avant-garde étouffées-, dilatées -le temps des empires- ou contractées — le
socialisme et ses changements plus ou moins brusques. Plus récemment, la
réflexion sur le post-socialiste ou le post-impérial souligne la difficulté de
penser demain : le présent ne serait-il que la suite du passé oubliant la
prise en compte du futur ? Comment penser les continuités et les discontinuités
d’échelles de temps à partir de la richesse du vécu et des perceptions des
échelles de temps en Europe médiane ?

Concernant les échelles d’espaces, l’éclatement des espaces de référence après 1989 a plongé l’Europe médiane dans un double processus d’européanisation et de mondialisation. La recomposition des échelles d’intégration supra-étatiques a masqué les incertitudes sur le niveau régional et la réactiva­tion du local comme repère du quotidien. L’expérience en Europe médiane de grands ensembles supra-étatiques (empire territorial aux limites floues, empire colonial en réseaux, Union européenne…) constitue-t-elle une expérience porteuse d’enseignements utiles sur le jeu d’échelles ? Les échelles spatiales concernent-elles de plus en plus d’espaces en réseaux (flux migratoires, flux marchands) discontinus et juxtaposés et de moins en moins d’espaces continus et emboîtés ? Comment penser la contiguïté et la proximité spatiales et temporelles ensemble?

Programme :

Yann Richard, Université Paris 1, UMR PRODIG, Jeux d’échelles en Europe
médiane, du local au global

Jawad Daheur, CNRS, CERCEC, Flux marchands et déboisement : quels jeux
d’échelles pour comprendre l’histoire forestière de l’Europe médiane?

Mateusz Chmurski, Université Paris-Sorbonne, UMR EUR’ORBEM CIRCE, Modernité(s) ? Jeux d’échelle, jeux de perspective dans la recherche littéraire centre-européenne 1990-2015 (exemples polonais, tchèques et hongroisIIoana Cirstocea CNRS, CESSP, (Re)faire le genre, (dé)faire « l’Europe de l’Est ». Assignations et identifications « régionales » dans le féminisme postsocialiste