15e RDV BIEN-ETRE & NATURE EN VILLE

 

Mercredi 7 février 2018 14h-17h

Salle Chevreul 203  2nd étage du 18, rue Chevreul, Lyon 7

Titre du séminaire : Le bien-être comme levier de résilience face au phénomène migratoire : quelle marge d’action possible aujourd’hui ?

Avec : Shoshana Fine, Docteur associé à Science Po Paris, CERI (Docteur en science politique) &  Valérie Léon, URD (Urgence, Réhabilitation, Développement)

Animation : Pauline Texier (UMR Environnement Ville Société)

Présentation du séminaire

Ce rendez-vous bien-être s’appuie sur le croisement conceptuel de différents champs de recherche : celui du bien-être et ses manières de l’appréhender aux différentes échelles, du territoire à l’individu, et celui de la résilience post-catastrophe et post-traumatique (champs de la géographie des risques et de la psychologie). Il se focalise sur le cas d’un aléa particulier : celui de l’exil face aux persécutions, qui peut être considéré comme un bouleversement des moyens d’existence des migrants demandeurs d’asile, qui ont subi, en quelques sortes une catastrophe.

La question que l’on propose d’examiner est donc la suivante : comment ces personnes, lors de la longue période d’attente en CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile), peuvent réussir à se relever et petit à petit reconstruire leurs capacités et ressources sociales, humaines, économiques, politiques et physiques ?

Notre hypothèse, basée sur les travaux d’Amartya Sen et de sa théorie des capabilités, est que le levier d’action peut être le bien-être, dans le sens où il peut permettre une reprise de confiance en soi, et de conscience de soi et de détenir des savoirs hérités, propices à une réparation nécessaire de la liberté de choix.

La séance s’articulera autour de témoignages de demandeurs d’asile, relayés et analysés par les étudiants du master MEMED dans une approche locale, et une mise en perspective plus large par rapport au contexte politique international, à travers les travaux sur les migrations et frontières en Turquie de Shoshana Fine, Docteure de Sciences-Po Paris, et ceux de Valérie Léon, chargée de recherche et d’évaluation à l’URD, et ayant récemment publié une étude sur la faisabilité des actions solidaires envers les migrants en France au regard des politiques restrictives françaises. En toile de fond, nous mobiliserons l’opérationnalisation séminale faite par Bourdeau-Lepage et Tovar (2011 et 2013) de l’approche de Sen et l’approche de Texier (2009) sur les risques et la résilience.

Biographie des deux invitées

Shoshana Fine, Docteure associée au CERI, est titulaire d’un doctorat en Science Politique et Relations Internationales de Sciences Po (2016). Sa thèse, rédigée sous la direction de Catherine Wihtol de Wenden, se porte sur la gouvernance de la migration, de la sécurité et des frontières en Turquie. Elle s’intéresse plus particulièrement à l’externalisation de la politique migratoire de l’Union Européenne dans les « pays tiers ». En 2015, elle a effectué un séjour de recherche à Columbia University au School of International and Public Affairs en tant que chercheuse invitée. Elle enseigne au Collège Universitaire de Sciences Po depuis 2012. Elle a publié Borders and Mobility in Turkey: Governing Souls and States, sorti chez Palgrave en janvier 2018.

Valérie Léon a rejoint en 2012 le Groupe URD, institut de recherche opérationnelle spécialisé sur les pratiques et les politiques humanitaires. En tant que chargée de recherche et d’évaluation, elle se concentre sur des sujets stratégiques et des thèmes transversaux liés à la résilience et aux migrations. Depuis 2016, elle a participé à deux évaluations multi-pays des réponses de l’aide aux besoins des réfugiés dans toute l’Europe (Start Network, Médecins du Monde). Elle mène actuellement des réflexions sur les positionnements humanitaires face aux flux migratoires en Europe. Diplômée en sciences politiques et relations internationales, elle compte plus de 10 années d’expérience dans les secteurs du développement international et de l’humanitaire. Après avoir collaboré à la conception et la révision de programmes de développement pour les Nations Unies (PNUD et UNICEF), elle a travaillé pour le CICR pendant 8 ans en tant que déléguée polyvalente et coordinatrice du programme de sécurité économique (Kosovo, Colombie, Ethiopie, Géorgie, Salvador, Myanmar).

Bibliographie indicative

Bourdeau-Lepage L. et Tovar E., 2011, Bien-être en Île-de-France : derrière une hausse générale, des disparités territoriales croissantes, Métropolitiques, 2 mai, http://www.metropolitiques.eu/Bien-etre-en-Ile-de-France.html

Bourdeau-Lepage L. et Tovar E., 2013, Quelle fracture socio-spatiale à l’heure du Grand Paris ? Le cœur de l’Île-de-France à la dérive, RERU, 2013-3, décembre, 491-521.

Fine S., 2018, Borders and Mobility in Turkey: Governing Souls and States, Palgrave.

Texier P., 2009, Vulnérabilité et réduction des risques liés à l’eau dans les quartiers informels de Jakarta, Indonésie. Réponses sociales, institutionnelles et non institutionnelles, Thèse de Doctorat, Université Paris-Diderot – Paris VII, 467 pages, https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00441988/