Soutenance de thèse Ana González Besteiro : L’eau qui fait conflit, le conflit qui fait ressource

Bonjour à tous et à toutes,

Je vous souhaite  mes meilleurs vœux pour 2020 et j’ai le plaisir de vous inviter à la soutenance de ma thèse de doctorat en Géographie et Aménagement, préparée à l’UMR 5600-EVS, Université Jean Moulin Lyon 3.

L’eau qui fait conflit, le conflit qui fait ressource

Recherche qualitative autour des discours sur l’eau dans des espaces protégés

du Alto-Guadiana (Espagne) et de l’Usumacinta (Mexique)

 

Ana González Besteiro

Sous la direction d’Anne Honegger

La soutenance aura lieu le :

Vendredi, 24 janvier 2020 à 14 h

salle 410 de la Maison Internationale des Langues et des Cultures (MILC)

Université Jean Moulin Lyon 3

35, rue Raulin, 69007 LYON

Elle se tiendra devant un jury composé de :

  • Patrice Melé. Professeur des Universités. HDR. Université François-Rabeilais, Tours (rapporteur).
  • Stéphane Ghiotti. Chargé de Recherche CNRS. HDR. Université Paul Valéry, Montpellier (rapporteur).
  • Isabelle Michallet. Enseignante chercheuse. Université de Lyon (examinatrice).
  • Sara Fernandez. Ingénieure-chercheuse des Ponts, des Eaux et des Fôrets (ICPEF, Docteure). Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE). Strasbourg. (examinatrice).
  • Lucia di Stefano. Professeure. HDR. Université Complutense de Madrid. (examinatrice).
  • Anne Honegger. Directrice de Recherche CNRS. HDR. École Normale Supérieure (ENS), Lyon (directrice).

La soutenance sera suivie d’un pot, auquel vous êtes chaleureusement conviés. Pour en faciliter l’organisation, je vous remercie de bien vouloir confirmer votre présence par retour de mail à agonzalezbesteiro@gmail.com

 

RésumeFace à la présence de conflits endémiques liés à l’eau, souvent sous-jacents mais qui perdurent des années et semblent devenus constitutifs de certains territoires, il paraît nécessaire de s’interroger sur le regard porté sur ces conflits par ceux-là mêmes qui en sont les témoins et acteurs. Le recul du temps met en évidence les incohérences entre les discours alarmistes sur les problèmes, les promesses de solutions et la relative inefficacité des mesures prises. Ceci suggère que le conflit, au-delà des tensions permanentes ou sporadiques qu’il impose au territoire, a une productivité qui pourrait justifier sa pérennisation.

Cette thèse revisite un conflit vieux de 40 ans dans le bassin du Alto-Guadiana (Espagne) à partir d’une posture constructiviste réflexive et néo-matérialiste s’appuyant sur les méthodes de la political ecology qui sont discutées dans la thèse. Son objectif est double : trouver un terrain d’entente méthodologique face aux réticences de la science quantitative vis à vis des méthodes qualitatives ; en démontrer l’utilité et l’efficacité en établissant des connexions inédites qui échappent habituellement au regard conscient des acteurs territoriaux, y compris ceux de la communauté techno-scientifique de l’eau, qui participe au même titre que les autres acteurs à la dynamique de la situation conflictuelle.

Le fonctionnement du conflit au sein des espaces naturels protégés de ce bassin espagnol et ceux, en écho, de l’Usumacinta au Mexique a été ainsi décrypté à l’aide des techniques qualitatives et inductives issues de la Méthode de la Théorie Enracinée à partir d’un corpus constitué d’entretiens semi-directifs et d’observations directes. Les protocoles de recueil et d’assemblage de données et les opérations et mécanismes d’extraction de sens effectués sont décrits pas à pas pour garantir la transparence de la démarche dans un exercice de crédibilité scientifique à l’instar des pratiques des sciences naturelles.

La fonction du conflit est discutée en quatre parties. La première explicite les éléments théoriques qui font de l’eau un objet de conflit environnemental en s’interrogeant sur le rôle de la production des données sur l’eau et les représentations sociales dans la recherche de solutions. La deuxième est consacrée aux méthodes de recueil des données de terrain et d’analyse des discours territorialisés sur le conflit lié à l’eau. La troisième partie, situe le contexte géo-social et politique des deux territoires à l’étude et souligne la différence des regards entre espaces vécus et espaces protégés. Enfin, la dernière partie détaille les résultats de l’analyse des données ancrées dans le matériau empirique collecté. Elle met en évidence les mécanismes par lesquels le conflit devient une ressource et l’intérêt de sa pérennisation pour les acteurs du territoire.

Le décalage entre ce qui se dit et ce qui se vit, les différences de qualification du conflit entre la communauté de la connaissance de l’eau et les autres acteurs du territoire traduisent des réalités d’un autre ordre, rivalités des pouvoirs territoriaux ou clivages sociaux. Ces éléments mettent aussi en évidence les mécanismes de la transformation du conflit en ressource, par la dynamique positive de l’échec des solutions proposées et par les avantages que la perpétuation du conflit procure à l’ensemble de la société concernée, ce qui permet d’élaborer un modèle théorique ancré conflit-ressource.

Dans cette perspective, le rôle de ce travail de recherche n’est certainement pas d’accompagner des solutions pré-établies ou de proposer des solutions nouvelles, mais plutôt de permettre aux acteurs concernés par la situation conflictuelle de se regarder dans un miroir, celui de leurs propres discours et représentations, pour changer de trajectoire si tel est leur choix et de prendre en toute connaissance de cause les décisions qui leur appartiennent.